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Le président Nicolas Sarkozy a tranché hier en faveur d'un projet de loi d'interdiction générale du voile intégral en France, malgré les réserves juridiques exprimées le mois
dernier par le Conseil d'État. Le projet de loi d'interdiction générale du port du voile intégral dans tout l'espace public, et pas seulement dans les services publics comme
le préconisait le rapport de la mission d'information parlementaire, sera présenté en conseil des ministres « dans le courant du mois de mai », a annoncé le porte-parole du gouvernement
Luc Chatel. Le Premier ministre François Fillon a affirmé être « prêt à prendre des risques juridiques parce que », a-t-il dit, « nous pensons que l'enjeu en vaut la chandelle ». 1900
FEMMES PORTERAIENT LE VOILE INTÉGRAL Dubitatif sur l'efficacité d'une interdiction générale, le Médiateur de la République Jean-Paul Delevoye a pris en exemple les riches touristes
« saoudiennes qui viennent acheter sur les Champs Elysées ». Selon des chiffres donnés par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, quelque 1.900 femmes porteraient le voile
intégral en France. Une mission parlementaire, présidée par le député communiste André Gerin, avait « planché » pendant plus de six mois sur le sujet sans parvenir à un consensus politique.
Le Conseil d'État avait écarté, fin mars, une interdiction « générale et absolue » du voile intégral, jugeant qu'elle « ne pourrait trouver aucun fondement juridique incontestable
». Si l'entourage de M. Copé s'est félicité mercredi d'avoir « obtenu gain de cause sur le périmètre d'interdiction », l'arbitrage rendu par le chef de l'État
en faveur d'un projet de loi répond en tout cas aux vœux de plusieurs membres de la majorité et notamment du président de l'Assemblée, Bernard Accoyer. Celui-ci avait demandé que «
le gouvernement prenne ses responsabilités » sur le sujet. « Il ne revient pas à un groupe, fût-il temporairement majoritaire, de dire le droit et d'établir la loi sur les questions de
cette nature », avait-il dit.Si la classe politique est unanime pour considérer que le voile intégral porte atteinte à la dignité des femmes, il n'existe pour le moment pas de
consensus en faveur d'une loi d'interdiction générale, de nombreuses voix, surtout à gauche, contestant son opportunité et sa constitutionnalité.