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Publicité Exportations et importations en hausse, demande intérieure faible: les premiers effets de la guerre commerciale lancée par Donald Trump sont déjà visibles sur l'économie du
Canada derrière des chiffres de croissance qui résistent au premier trimestre. Depuis le début de l'année, le pays est bouleversé par les menaces répétées et les volte-face du président
américain sur les droits de douane. Celui-ci a imposé des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium canadiens, notamment, et menace son voisin du Nord de taxes généralisées de
25%. Une politique qui prend le contre-pied de décennies de relations commerciales très étroites entre les deux pays dont les économies sont extrêmement intégrées. Si l'économie
canadienne résiste et fait même mieux qu'attendu au premier trimestre, avec une progression du PIB de 2,2%, les effets des bouleversements sont déjà visibles, selon des données publiées
vendredi par Statistiques Canada. Ainsi, exportations et importations sont à la hausse des deux côtés de la frontière car les entreprises ont voulu constituer des stocks avant la mise en
places des droits de douane. Ce sont les exportations de véhicules automobiles (+16,7%) et de machines, matériel et pièces industriels (+12,0%) qui ont contribué le plus à
l'augmentation globale des exportations au premier trimestre et donc à la croissance du PIB note l'agence publique dans un communiqué. _«Les tensions commerciales et
l'incertitude qu'elles ont fait peser sur l'économie ont commencé à se répercuter sur l'activité»_, a noté Andrew Hencic, analyste pour TD Economics. Ainsi, sur le plan
intérieur canadien, cela a eu un _«impact»_ sur la demande intérieure finale, selon Statistiques Canada. C'est la première fois depuis la fin de l'année 2023 que celle-ci ne
progresse pas. _«Malgré la vigueur du PIB global, l'économie intérieure a semblé très fragile»_, a également estimé Royce Mendes, analyste pour la banque Desjardins. _«DYNAMIQUE
MODESTE»_ Tous ces chiffres seront analysés de près par la banque centrale canadienne qui doit annoncer sa décision concernant son taux directeur la semaine prochaine, le 4 juin.
D'autant plus que la croissance du dernier trimestre de 2024 a été révisée à la baisse à 2,1% (contre une croissance de 2,6% estimée précédemment), _«ce qui laisse présager un
ralentissement de la dynamique vers la fin de l'année»_, selon Royce Mendes. Tous les économistes craignent que la nouvelle politique américaine plonge le pays dans une récession. En
effet, 75% des biens et services canadiens exportés partent vers les États-Unis et 2 millions d'emplois en dépendent. Mais pour Andrew Grantham, économiste de CICB Economics, les
chiffres publiés vendredi montrent que _«l'économie canadienne trébuche, mais ne s'effondre pas encore»_. Évoquant une _«dynamique modeste»_, il note que les chiffres sont
légèrement supérieurs aux projections faites en avril par la Banque du Canada. Dans ce contexte très tendu, le Premier ministre Mark Carney, élu fin avril, a promis de transformer
radicalement l'économie canadienne, 9e puissance mondiale en s'appuyant notamment sur le commerce intérieur et l'énergie. Une course contre la montre pour le nouveau
gouvernement. Plusieurs groupes automobiles ont déjà annoncé suspendre la production pour une période ou bien réduire la voilure dans certaines usines. Et en avril, l'emploi dans le
secteur manufacturier au Canada a connu une _«baisse significative»_.