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FESTIVAL DE CANNES : POURQUOI JOSH O’CONNOR DOIT GAGNER LE PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE
Physique tout en longueur, visage émacié, regard malicieux, sourire timide et oreilles décollées : l'acteur britannique Josh O'Connor, 35 ans, n'a pas l'allure d'un
jeune premier. Pourtant, il occupe l'écran à chaque apparition. Remarquable et remarqué en prince Charles dans la série _The Crown_, qui lui a valu un Emmy Award, il ne force pas son
talent, demeure lui-même, à la fois effacé et omniprésent, mélancolique et pince-sans-rire.
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À Cannes, ce diplômé de l'école de théâtre Bristol Old Vic confirme l'étendue de son registre en réussissant un beau doublé dans deux films américains en compétition. Dans _The
History of Sound_, du réalisateur sud-africain Oliver Hermanus, qui nous entraîne du Kentucky à Oxford, en passant par Rome et Boston, il est Lionel, un jeune mélomane qui, en 1910,
rencontre dans un pub de la Nouvelle-Angleterre David (Paul Mescal), un pianiste avec lequel il va vivre une passion intense et contrariée. Après la guerre de 1914-1918, ils se retrouvent à
Boston pour une mission commune : collecter des airs traditionnels dans des campagnes reculées et les graver sur des cylindres de cire. La vie va les séparer de nouveau. Ils ne se reverront
plus. [embedded content] Dans ce film romanesque conçu comme un long blues silencieux, il est question de liaison impossible, de cœurs solitaires, de tourments indicibles. Sur ce rôle en
retenue, Josh O'Connor donne à son personnage une belle profondeur, une finesse saisissante, une élégance naturelle où tout est dit au détour d'un geste, d'un regard.
À LIRE AUSSI FESTIVAL DE CANNES : 7 PÉPITES À DÉCOUVRIR BIENTÔT EN SALLEIl est tout autre dans _The Mastermind_, le nouveau film de l'Américaine Kelly Reichardt, figure de proue du
cinéma indépendant. Après _Showing Up_, comédie douce-amère sur les affres de la création artistique avec son actrice fétiche, Michelle Williams, elle est revenue en compétition avec une
autre forme de comédie, un retour sur images de l'Amérique des années 1970, déjà traversée de crises politiques et sociales.
Josh O'Connor incarne J. B. Mooney, un père de famille et escroc à la petite semaine qui commet, avec deux bras cassés, le vol de quatre tableaux – signés Arthur Dove, le peintre
préféré de la cinéaste – dans un musée du Massachusetts. [embedded content] Maladroit et pas très futé (un « cerveau », un _mastermind_, comme le rappelle ironiquement le titre du film), il
est repéré par la police, se fait dérober ses tableaux, cachés dans un hangar, par de vrais caïds, et se retrouve en cavale sur les routes du côté de Cincinnati. On est sous la présidence de
Richard Nixon, en pleine guerre du Vietnam et des manifestations pacifistes. Une époque soigneusement reconstituée par Kelly Reichardt avec ses grosses Dodge chromées, ses juke-box, ses
disques vinyles, ses jeans déchirés, ses hippies. Elle y ajoute le grain un peu piqué de la pellicule et une bande-son percutante, style free jazz, avec solo de trompettes à la Miles Davis
et battements de caisse claire.
À LIRE AUSSI « MISSION : IMPOSSIBLE – THE FINAL RECKONING » : TOM CRUISE À BOUT DE SOUFFLE ? À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre De quoi donner du tempo au récit, avec lequel elle
prend son temps sans jamais quitter des yeux les gestes et les expressions de son acteur principal, Josh O'Connor, qui donne à son personnage un côté flegmatique, désinvolte,
irresponsable, tant tout semble glisser sur lui.
Son jeu minimaliste porte d'un bout à l'autre ce film, qui renvoie à la contre-culture et à l'esprit en roue libre des années 1970, l'âge d'or du cinéma américain.
Signe du destin : il sera à l'affiche du prochain film de Steven Spielberg, _The Dish_, au côté d'Emily Blunt. Un prix à Cannes ne ferait que confirmer un ticket pour les prochains
Oscars.