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« JURASSIC WORLD : REBIRTH » : POUR LE MEILLEUR OU POUR LE PIRE ?
Réalisé par Gareth Edwards (_Godzilla_, _Rogue One_), ce nouvel opus se déroule quelques années après les événements du médiocre _Dominion_, un film avec lequel _Rebirth_ entend prendre ses
distances. Exit la complexe cohabitation des hommes avec les dinosaures et les ambitions d'une intrigue se déroulant aux quatre coins du monde. À l'initiative de David Koepp,
scénariste de _Jurassic Park_ (1993) et du _Monde perdu_ (1997), la saga revient à ses fondamentaux, au risque de la redite, un problème récurrent ces dernières années avec les plus célèbres
franchises de la pop culture.
Échaudé par les critiques (légitimes) émises au sujet de _Dominion_, le studio Universal ne veut plus voir sa saga culte interroger les conséquences bioéthiques de la prolifération des «
terribles lézards » dans le monde humain. L'action se centre de nouveau sur une île au climat tropical, ancienne propriété de la société de bio-ingénierie InGen. Après Isla Nublar et
Isla Sorna, ce véritable « site C » nous est présenté comme le lieu d'expérimentations demeurées jusqu'alors secrètes. Laissé à l'abandon pour des questions de sécurité, ce
nouveau monde perdu est peuplé de dinosaures et de reptiles (marins et volants) particulièrement redoutables. Zora Bennett, incarnée par Scarlett Johansson, est à la tête d'une équipe
qui a pour mission de prélever l'ADN de trois de ces espèces insulaires. L'objectif ? Pouvoir confectionner un médicament potentiellement révolutionnaire. [embedded content] Comme
dans le mal-aimé _Jurassic Park 3_ (2001), dont _Rebirth_ semble parfois reprendre l'esthétique, les enjeux perdent de l'ampleur par rapport au film précédent. L'aventure et
l'horreur paraissent être ici les maîtres-mots de cette nouvelle histoire, comme cherche à nous le montrer une bande-annonce dynamique, dominée par l'action mais aussi
l'humour. Gareth Edwards dit s'être justement inspiré d'_Indiana Jones_ et des _Dents de la mer_ pour relancer la franchise. La nouvelle île mystérieuse que l'on découvre
à l'écran n'est pas sans évoquer Skull Island, l'antre du célébrissime King Kong, ainsi que l'univers de _Dino Crisis_, une saga de jeu vidéo à la frontière entre
_Jurassic Park_ et _Resident Evil_.
Même si les effets spéciaux restent encore à finaliser, la représentation plus colorée des animaux préhistoriques leur apporte une touche de nouveauté bienvenue. Tourné en Thaïlande, le film
tente de renouveler la représentation des îles de la saga, mais de façon timide. Plus qu'un techno-thriller au service de profondes réflexions éthiques, ce qu'étaient le roman de
Michael Crichton et sa brillante adaptation par Steven Spielberg, _Jurassic World : Rebirth_ s'offre d'abord à nous comme la promesse d'un bon gros spectacle total. Si la
recherche de lieux insolites a été abandonnée, la menace qui pèse sur les personnages prend en revanche des visages multiples. Entre l'image saisissante d'un bateau entouré de
spinosaures, celle de hauts sommets dominés par des reptiles volants géants et une jungle où les emblématiques T-Rex, raptors et autres dilophosaures font encore et toujours régner leur loi,
il y en aura pour tous les goûts !
Sans doute conscient de la nécessité d'apporter du neuf, David Koepp a choisi d'ajouter à ce bestiaire déjà bien fourni un monstre hybride, une abomination dont les traits
empruntent aussi bien au Rancor du _Retour du Jedi_ qu'au Xénomorphe d'_Alien_, selon les dires de Gareth Edwards lui-même. Si la bande-annonce de _Rebirth_ n'est pas
d'une folle audace, le choix d'un antagoniste plus proche du monstre que de l'animal est un pari incontestablement risqué. Dans la précédente trilogie, l'Indominus Rex et
l'Indoraptor n'avaient certes pas fait l'unanimité, mais leur apparence restait proche de celle des dinosaures carnivores les plus connus du grand public.
Bien que la saga _Jurassic Park_ mène depuis ses origines une réflexion sur les dangers des manipulations génétiques, elle n'avait jamais abandonné sa volonté de faire des animaux
préhistoriques les principales têtes d'affiche de ses intrigues. Une telle prise de liberté par rapport aux codes d'une licence aussi emblématique sera-t-elle bien acceptée par les
fans ? Sur les réseaux sociaux et les forums spécialisés, les réactions sont pour le moment mitigées.
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre _Jurassic World : Rebirth_ sera-t-il une simple friandise estivale à déguster sans modération ? Ou le film de Gareth Edwards constituera-t-il la
première pierre d'un « _monsterverse_ » préhistorique, concurrent direct d'un Godzilla bien connu du réalisateur britannique ? Il est encore trop tôt pour le dire. À ce stade, on
se contentera de noter que le septième film de la saga semble porter davantage son regard vers le passé que vers l'avenir. Le recours à des dinosaures hybrides, plus proches du monstre
que du dinosaure, n'est pas une idée neuve : Universal y a longtemps songé au début des années 2000 au sujet d'un hypothétique _Jurassic Park 4_.
Pour concevoir son scénario, David Koepp a pour sa part reconnu s'être beaucoup inspiré du roman de Crichton, un texte dont l'adaptation en 1993 avait été limitée pour des raisons
d'ordre technique. Présente dans la bande-annonce, la scène où un tyrannosaure attaque des humains dans un cours d'eau est une référence explicite à l'une des plus célèbres
scènes du best-seller publié en 1990, où Grant et les enfants fuyaient le roi des dinosaures à bord d'un canot pneumatique. Si _Jurassic Park_ consistait à faire revivre un monde
antédiluvien fantasmé, suscitant aussi bien l'émerveillement des personnages que celui des spectateurs, ce retour vers le passé initié par _Rebirth_ semble surtout confirmer la
difficulté récurrente du cinéma hollywoodien actuel à créer ses propres mythes.