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UNE DAME EMPORTÉE PAR LES EAUX, RETROUVÉE MORTE, NOYÉE. UN HAMEAU DÉVASTÉ. DES VILLAS RAVAGÉES. DES BERGES EFFONDRÉES. ET TANT D’AUTRES DÉGÂTS QUI FONT NAÎTRE LA POLÉMIQUE. LES TRAVAUX EN
COURS DU VALLON DE CARIMAÏ CENSÉS PROTÉGER DES INONDATIONS SERAIENT-ILS RESPONSABLES DE LA CATASTROPHE? Les habitants proches de la Grande Frayère veulent comprendre pourquoi les intempéries
ont été si dévastatrices. Particulièrement ceux du hameau de Carimaï. Beaucoup mettent en cause les travaux du Sifro (syndicat intercommunal pour la protection contre les inondations de la
Frayère et de la Roquebillière) qui a terme devraient protéger la population contre les inondations. Les sinistrés demandent des explications et se questionnent sans cesse: "_comment
cela a-t-il pu arriver?_" Ils cherchent simplement à comprendre, entre désarroi et colère, pourquoi leur vie a pu basculer en cette nuit du 3 octobre, comme ça a été le cas pour l’une
d’entre eux, emportée par les flots. S’ils pourront un jour regagner leur villa. S’ils vont devoir faire leur vie ailleurs. Grâce à la cartographie du vallon du Carimaï mettant en évidence
les quatre points statégiques des travaux qui longent les berges de la Grande Frayère, Nice-Matin tente de comprendre le scénario apocalyptique qui s'y est joué. 1. LE BASSIN DE
RÉTENTION DU SIFRO _(Photo Gilles Traverso)_ Le bassin, construit par le Sifro, au 2497, chemin de Carimaï, a été créé pour réguler les fortes pluies. Il peut contenir 15.000 m3 d’eau.
Au-delà, il déborde. "_C’est basé sur des statistiques, _détaille Laurent Montagner, maîtrise d’œuvre des travaux en aval du hameau de Carimaï._ Nos références pluviométriques, sur une
durée de deux heures, étaient de l’ordre de 92 mm. Là, il est tombé 175 mm. Cette pluie-là n’avait jamais été enregistrée dans les Alpes-Maritimes._" Et Jean-Luc Gay, directeur du Sifro
de compléter: "La plus approchante, c’était en 1948". Aurions-nous, alors, vécu une crue centennale? "_Une centennale ce n’est pas une crue qui revient tous les cent ans,_
ajoute Jean-Luc Gay._ C’est un terme de vulgarisation, mal approprié, pour estimer un débit en m3/seconde. Quand on dit cinquantennale, c’est 53 m3/seconde. Et la centennale, 65-66
m3/seconde. Mais ça peut arriver trois fois par an, ou tous les 200 ans. On ne sait pas_." Et le président du syndicat d’insister: _"Si on n’avait pas fait le bassin, le hameau
partait entièrement_". 2. LA ZONE D’EXPANSION _(Photo Gilles Traverso)_ Elle se situe en amont du Hameau du Carimaï. Elle a été faite il y a deux ans environ. Son rôle? Elle augmente la
capacité hydraulique. Quid de son entretien, parfois remis en cause? "_On a des factures qui attestent de l’entretien des vallons_", insiste Bernard Alfonsi, p'ésident du
Sifro. "_Toute la zone d’expansion a été débroussaillée la deuxième quinzaine de juillet_", ajoute Jean-Luc Gay. Et concernant les éventuels obstacles, le directeur du Sifro
explique que la zone d’expansion se situe après le piège à embâcles qui permet de retenir les arbres et autres déchets transportés par le courant. Sur place, nous avons pu constater que le
piège (les barres verticales sur la photo, ndlr) était toujours en place après les intempéries. 3. LE HAMEAU DU CARIMAÏ _(Photo Gilles Traverso)_ Une dame y a perdu la vie, emportée par le
torrent. Les villas ont été totalement dévastées. Et les habitants aussi. Ils restent dans l’incertitude: pourront-ils un jour regagner leur domicile pour reconstruire leur vie dans ce
quartier? Pour l’heure, rien n’est figé. Même s’il se murmure ici et là qu’il vaudrait mieux éviter de courir le risque de les reloger ici. Sauf que certains ne veulent pas partir. En
attendant, ils ont été relogés par la municipalité cannettanne. Et le hameau est interdit d’accès: la colline en amont s’est effondrée et représente un risque réel. 4. LES BERGES DE LA
FRAYÈRE AUX CARAVELLES _(Photo Gilles Traverso)_ Le Sifro était entré dans la dernière phase des travaux aux Caravelles. Ils étaient pratiquement achevés. "_C’est pour cela qu’on n’a
pas arrêté le chantier, _souligne Bernard Alfonsi. _Il faut le remettre en état et le terminer. Les travaux du Sifro seront ensuite terminés sur Cannes. Car sans ça, les Caravelles auraient
été ravagées_." Côté technique, "_on a doublé la capacité d’évacuation, _explique Laurent Montagner, maîtrise d’œuvre des travaux en aval du hameau de Carimaï._ Elle reste encore
insuffisante mais on a calculé qu’on est à 75 m3/seconde alors qu’avant, on était à 20 à 40 m3/seconde_." Le lit de la rivière ne peut pas être davantage élargi en raison des proches
habitations.