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"On m’a volé mon bonheur", confie Sylvain Solioz, qui ne manifeste aucune haine. Le 14-Juillet il était sur la Prom' avec toute sa famille. Rescapé de l’attentat de Nice, où
il a perdu, le 14 juillet dernier, sa femme Cristina et son aînée Kayla, Sylvain ne s’intéresse pas vraiment à l’actualité, mais se demande comment un tel attentat a-t-il pu se produire à
Nice. Originaire d'Yverdon-les-Bains en Suisse, Sylvain témoigne chez nos confrères de l'Illustré. Extraits. Aujourd’hui, Sylvain se retrouve seul avec ses deux autres filles,
Djulia (4 ans) et Kiméa (10 mois). "Ce sont elles qui me permettent de tenir debout" Il se remémore avant ce funeste 14-Juillet: "Moi, je n’étais pas très chaud pour Nice,
mais Cristina tenait tellement à Nice… J’ai finalement dit oui". Ils assistent au début du feu d’artifice, à 22 heures mais soudain vers 22 h 45, un bruit effroyable déchire la nuit.
_«J’ai d’abord pensé à un accident, raconte Sylvain. Je me suis retourné et j’ai alors vu ce camion blanc qui zigzaguait et accélérait dans notre direction.»_ _"ELLE ÉTAIT ALLONGÉE PAR
TERRE ENCORE CONSCIENTE"_ La famille est prise au piège, Cristina, qui tient Kiméa dans ses bras, et Kayla, qui suit avec la poussette, sont percutées de plein fouet par le 19 tonnes...
La suite n’est que cauchemar. _"J’ai tout de suite ramassé Kiméa qui était tombée sur le sol, heureusement indemne. Cristina était allongée par terre. Elle était encore consciente,
mais n’arrivait pas à me dire où elle avait mal. Il y avait Kayla, à son côté, couchée au milieu d’une mare de sang. _ _Je tentais de la rassurer, tout en essayant de ne pas perdre de vue
Djulia, au milieu de la foule. J’avais tellement peur qu’elle ne se fasse piétiner. C’était la panique"._ Les secours arrivent enfin. Ils posent immédiatement des électrodes sur le
torse de Cristina, qui a perdu connaissance pour tenter de la réanimer. _"ILS NE M’ONT MÊME PAS LAISSÉ MONTER AVEC ELLES DANS L’AMBULANCE"_ _"Je voulais garder espoir. Mais
quand j’ai vu la ligne plate sur l’encéphalogramme, j’ai su qu’elle était morte". _ Les sapeurs-pompiers emmènent Kayla, avec Djulia, c'est la confusion. _"Ils ne m’ont même
pas laissé monter avec elles dans l’ambulance",_ s’énerve Sylvain. Ce sera la dernière fois qu’il verra Kayla vivante. L’Yverdonnois se retrouve seul, complètement abasourdi, sur une
promenade des Anglais transformée en véritable scène de guerre. Avec Kiméa dans ses bras, il marche 3 kilomètres pour rejoindre l’hôpital et y arrive vers 1 heure du matin. C’est la cohue.
On le rassure. _"Votre fille est entre de bonnes mains"_. Les minutes deviennent des heures… "On est enfin venu me chercher. Je suis entré dans un bureau, où se tenaient trois
personnes. A leur visage, j’ai tout de suite compris". _"...COMME SI JE POUVAIS AVOIR UN LIEN QUELCONQUE AVEC CET ATTENTAT"_ C’est le début d’un long tunnel de plusieurs
jours. Ses filles sont examinées et n'ont rien. un petit miracle. Mais dans sa chambre d'hôpital, les officiels défilent: médecins, consul suisse de Nice, enquêteurs... _"Ils
m’ont posé des questions sur ce que je savais des cellules djihadistes en Suisse, comme si je pouvais avoir un lien quelconque avec cet attentat"_, s’étonne encore aujourd’hui Sylvain.
Depuis, le jeune papa tente de reprendre le cours de son existence. Une vie qui se poursuit non plus à cinq, mais à trois. _"La priorité, ce sont mes filles. Je m’occuperai de moi plus
tard"._