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LES FAITS Le 6 juillet 2019, le milliardaire américain Jeffrey Epstein est arrêté aux États-Unis. Ce financier de 66 ans est inculpé, deux jours plus tard, "d'exploitation sexuelle
de mineures et d'association de malfaiteurs". Il est accusé d'avoir fait venir, pendant des années, des jeunes femmes mineures dans ses résidences de New York et de Floride,
_"pour se livrer à des actes sexuels avec lui, après quoi il leur donnait des centaines de dollars en liquide". _Le 10 août 2019, l'homme est retrouvé pendu dans sa cellule.
Le 2 juillet 2020, Ghislaine Maxwell, ex-compagne du milliardaire, accusée par plusieurs victimes présumées d'avoir aidé à les recruter, est arrêtée, inculpée de trafic de mineures,
puis placée en détention. Reconnue coupable en décembre 2021 de cinq chefs d'accusation de "crimes sexuels", elle est condamnée, en juin 2022, à 20 ans de prison. Elle a fait
appel. Ce jeudi 4 janvier, un document de 943 pages retraçant tous les interrogatoires menés avec les deux suspects a été rendu public par la justice fédérale de Manhattan. Il contient de
nombreux noms de personnalités, dont certaines françaises, qui seraient impliquées de près ou de loin dans cette affaire. QUE CONTIENT LE DOCUMENT DÉVOILÉ CE JEUDI? Le 18 décembre dernier,
la juge Loretta Preska avait autorisé la diffusion d'une fameuse "liste", liée à l'affaire Epstein. Des noms déjà évoqués publiquement par la justice et les médias. Une
liste de 150 à 180 identités plus ou moins connues émaille donc le long document. On y trouve notamment l'ancien président démocrate Bill Clinton, l'ex-président républicain Donald
Trump... mais sans mention d'un comportement illégal ou répréhensible de leur part. Al Gore, Stephen Hawkings, le prince Andrew, Jean-Luc Brunel... la longue liste de noms qui
apparaissent au fil des entretiens ne présume pas, en effet, de la culpabilité de ces derniers. Les personnes présentes sont parfois citées en tant que témoins, experts, employés de maison
du couple, voire évoquées dans des conversations n'ayant rien à voir avec les affaires. Exemple: dans le cas de Donald Trump, ce dernier est mentionné comme une connaissance de Jeffrey
Esptein, mais aucune mention n'est faite sur un éventuel comportement délictuel ou criminel. Quant à Bill Clinton, beaucoup plus proche du financier déchu, son nom est cité des dizaines
de fois. Mais là encore, sans indice clair de faits illégaux. Autre exemple de mention claire mais qui n'apporte aucune preuve d'une quelconque culpabilité: la star de la pop
Michael Jackson, ou encore le célèbre magicien David Copperfield, sont également cités dans ce document de plus de 900 pages. LA SPHÈRE COMPLOTISTE EN ÉBULLITION L'influence du
"réseau Epstein" a alimenté après sa mort nombre de théories complotistes, notamment sur un assassinat qui aurait été déguisé en suicide. Ou encore sur un groupe de milliardaires
bien décidés à protéger leurs noms et réputation. Une obsession qui s'inscrit dans le sillage du _pizzagate _ou du film controversé _Sound of Freedom, _qui soutiennent la théorie que
les élites mondiales auraient établi un cercle pédophile occulte. Ce jeudi 4 janvier, après l'absence de mention de Bill Gates dans la liste de noms (le milliardaire est l'une des
cibles préférées de la sphère complotiste américaine), certains ont crié à la censure sur les réseaux sociaux. Il faut toutefois préciser que certains patronymes d'anciennes victimes
ont été barrés en noir sur le document, pour des raisons de protection de leur anonymat (la plupart étaient mineures au moment des faits). De quoi agiter encore un peu plus les théoriciens
du complot. LE PRINCE ANDREW A DÉJÀ SIGNÉ UN ACCORD À L'AMIABLE Dans un volet distinct de ce dossier, le prince britannique Andrew, ami de la paire Maxwell-Epstein, a scellé en février
2022 un accord à l'amiable (pour 13 millions de dollars) avec Virginia Giuffre, 40 ans, qui l'accusait de l'avoir agressée sexuellement en 2001, alors qu'elle avait 17
ans. Le prince de 63 ans, tombé en disgrâce, conteste ces accusations. Autre proche d'Epstein, l'agent français de mannequins Jean-Luc Brunel, inculpé pour viols sur mineurs, a été
retrouvé mort pendu en prison à Paris en février 2022. DEUX BANQUES ONT DÉDOMMAGÉ CERTAINES VICTIMES Accusées par des victimes d'avoir facilité les agissements de Jeffrey Epstein en
lui permettant de financer ses activités, deux banques annoncent au printemps 2023 des accords financiers. La Deutsche Bank a accepté de verser 75 millions de dollars pour régler le litige.
La banque américaine JPMorgan Chase a, elle, annoncé en juin un _"accord de principe"_ avec des victimes, où elle s'engage à leur verser un montant total de 290 millions de
dollars.