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Friedrich Merz, est officiellement devenu le nouveau Chancelier allemand ce mardi après-midi, au terme d’une journée de doute dans les rangs de la nouvelle coalition. En effet, la coalition,
que l’homme d’affaire ultra-conservateur, a formé avec le parti social-démocrate (SPD) représente 328 des 630 membres du Bundestag, soit 12 sièges de plus que les 316 nécessaires à
l’obtention de la majorité absolue. Pourtant, à la surprise générale, celui qui se comporte depuis sa victoire aux élections du 23 février dernier comme le nouveau chef du gouvernement avant
même d’être investi – en dînant avec Macron en visite presque officielle en février dernier et en s’arrogeant le monopole de l’initiative légi-slative pour réformer la constitution dans un
coup de force antidémocratique – a d’abord échoué à se faire élire lors du premier vote organisé dans la matinée. Au-delà de l’aspect historique de ce revers – c’est la première fois dans
l’histoire de la République fédérale qu’un vainqueur des élections échoue à se faire élire Chancelier au premier tour – l’échec de Merz démontre la fragilité du système politique allemand
qui traverse sa plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis l’éclatement de la coalition en feu tricolore – SPD, Verts, FDP - en novembre dernier, aucun parti traditionnel ne
parvient à s’imposer afin de résoudre cette crise, dans un contexte de montée du parti d’extrême-droite AfD (Alternative pour l’Allemagne), isolé pour l’instant par un cordon sanitaire des
plus fragilisés depuis que la CDU a montré être capable de faire passer ses lois racistes grâce à ces héritiers du nazisme. Alors que le Bundestag disposait de 14 jours pour procéder à un
second vote, c’est finalement sous la pression de la CDU - dont les cadres assuraient juste après l’échec au premier vote qu’aucun changement de candidat ou d’accord de coalition n’était à
l’ordre du jour - que le second vote s’est tenu dès cet après-midi. Cette fois, Friedrich Merz a été élu avec 325 voix, obtenant donc de justesse la majorité absolue. Un succès de façade qui
expose plus que jamais les fractures internes à la coalition et la crise du régime allemand. Le fait que 18 parlementaires de ses propres rangs aient fait défection et qu’il n’ait été élu
que de justesse au second vote d’un scrutin qui lui était normalement acquis, promet au nouveau chef de gouvernement un mandat incertain et semé de difficultés à la tête de la Grande
coalition, ou « Groko », la plus petite de l’histoire. En effet, ce type de coalition regroupant les deux partis les plus importants – la CDU et le SPD – a toujours conféré des majorités
larges à ses Chanceliers, bien supérieures aux 328 sièges indisciplinés dont va disposer Merz. De son côté, Alice Weidel, leader de l’AfD, a affirmé que son parti était prêt à assumer la
responsabilité gouvernementale, poussant pour rompre définitivement le cordon sanitaire pour former une coalition avec la CDU. Le parti de gauche réformiste _Die Linke_, qui a enregistré un
succès électoral relatif aux dernières élections, a déclaré sur Twitter « Merz a échoué ? Pas de problème. Nous avons une proposition : Heidi Reichinnek (coprésidente et tête de liste de Die
Linke) Chancelière ! ». Une assurance qui cherche à masquer la crise que traverse ce parti après le vote par certains de ses élus en faveur du chèque en blanc au militarisme allemand et
alors qu’il doit se réunir en Congrès ce vendredi, avec des sections entières de son organisation de jeunesse qui ont pris position publiquement pour l’exclusion de ces élus. Mais ce n’est
pas au Bundestag que l’on fera entendre une voix contre la politique des bourgeoisies européennes qui nous promettent un avenir de guerre et de misère. Que Merz soit élu au premier ou au
second tour, il est plus que jamais nécessaire de lui construire une opposition forte et mobilisée dans la rue, capable de poser les bases d’un futur mouvement anti-guerre. Le moment est
venu de s’organiser contre le militarisme et le réarmement, et de discuter aussi largement que possible des moyens de renforcer la résistance face à un gouvernement qui promet de nouvelles
attaques réactionnaires et à ses soutiens.