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Tayeb Khouira est l’un des visages du syndicalisme combattif de l’aéroport de Roissy. Porte-parole de Sud aérien, il est également investi dans la défense des droits du peuple palestinien.
Comme beaucoup d’autres, il a subi la répression féroce de l’Etat. En effet, le 20 janvier 2024, après avoir reçu un coup de fil d’un numéro anonyme le sommant de se rendre au commissariat
du Blanc-Mesnil, il était retenu et interrogé près de deux heures par deux agents des services de renseignements. Il était longuement questionné sur ses activités syndicales, sur sa
participation aux manifestations de solidarité avec la Palestine, sur sa fréquentation éventuelle d’une mosquée ainsi que sur la situation sociale de l’aéroport de Roissy à l’approche des
JO. Sans PV ni avocat, ce type d’intimidation relève clairement des méthodes de barbouzes. Ses avocates, Maitre Lanté et Maitre Marcel, avaient alors déposé plainte auprès du Procureur de la
République de Bobigny du chef d’atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique et sollicité l’exploitation immédiate des caméras de
vidéo-surveillance aux abords du commissariat. A la fin du mois de septembre et à l’issue d’une enquête légère, Tayeb Khouira a néanmoins été avisé du classement sans suite de sa plainte. Le
10 octobre 2024, l’Union syndicale Solidaires publiait un communiqué de soutien en réaction à cette décision] : « Si cette décision ne nous surprend pas, nous tenons à réaffirmer notre
soutien plein et entier à un militant syndical, brutalement réprimé par l’Etat (…) Mais nous tenons à réaffirmer une chose : alors que la répression s’intensifie violemment à l’encontre tant
des militants syndicaux que des soutiens de la Palestine, nous ne céderons pas face aux intimidations ». Ses avocates indiquent poursuivre la procédure en déposant une plainte avec
constitution de partie civile. Plus généralement, « c’est sur le terrain syndical et politique qu’il faudra se battre en organisant la solidarité la plus large, et à échelle nationale »
insiste le syndicaliste, déterminé à ne pas se laisser faire. « S’ils se permettent ce type d’agissements avec quelqu’un comme moi, qui est soutenu et entouré, imaginez ce dont ils sont
capables quand il s’agit d’anonymes » explique Tayeb Khouira. Aussi, le caractère particulièrement brutal de cette affaire rappelle que la lutte contre la répression, qu’elle soit patronale
ou directement étatique, est un enjeu majeur de la période actuelle.