« macron priorise le réarmement » : à bordeaux, les travailleurs sociaux mobilisés contre l'austérité

« macron priorise le réarmement » : à bordeaux, les travailleurs sociaux mobilisés contre l'austérité

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Ce lundi 31 mars, à l’occasion d’un appel national du secteur social et médico-social, plusieurs centaines de personnes se sont réunies pour manifester devant le Conseil Départemental. Un


appel qui répondait principalement à deux attaques en cours contre le secteur : une négociation qui tente d’imposer une convention collective au rabais et la réforme SERAFIN-PH (SERvices et


Établissements : réforme pour une Adéquation des FINancements aux parcours des Personnes Handicapées), qui vise à instaurer un modèle de tarification à l’acte. À Bordeaux, la mobilisation


s’est organisée contre les fermetures de services et suppressions de postes, mais aussi contre l’hypocrisie du Conseil départemental (PS) qui applique ces attaques. Une nouvelle dynamique


pour le secteur du social de la région cette année, durement impacté par les coupes budgétaires. Depuis le passage en force du budget austéritaire de 2025 par François Bayrou, de nombreuses


mobilisations ont émergé. Ces mobilisations ont saisi divers secteurs de la société, comme dans l’enseignement supérieur, la culture ou encore le social, qui dénoncent largement cette cure


austéritaire. Appliquant directement les mesures austéritaires du gouvernement, c’est le Conseil départemental de la Gironde qui s’attaque aujourd’hui à la Protection de l’enfance sur le


département. Présidé par les socialistes, le conseil n’en est pas à son coup d’essai, après avoir déjà sacrifié deux collèges fin 2024. >  Largement impacté par des fermetures de


structures, suppressions de postes ou gels des salaires, le secteur du social subit de véritables attaques qui ont des conséquences dramatiques tant pour les professionnels que les


bénéficiaires. « _Concrètement, on parle de 200 postes supprimés dans le Département, et 150 dans le secteur associatif, c’est une vraie catastrophe._ » dénonce Frédéric, éducateur


spécialisé dans la Protection de l’Enfance. « _Ce sont pleins de services qui ferment, comme le dispositif DMARR sur Andernos pour l’accueil de fratries, pour des gamins qui sont placés dans


divers établissements, ça s’arrête donc ça veut dire que ces frères et sœurs ne pourront plus se voir. C’est aussi plein de postes supprimés, ce qui va précariser les professionnels, les


gens vont devoir accepter des postes avec des conditions de travail que personne ne veut. Moi je suis éducateur actuellement sur R d’accueil_, dans le pôle ressources comme référent famille,


et il y a un mois et demi on nous a annoncé qu’on arrêtait ce pôle. Sur neuf postes, il y en a six qui sont supprimés » raconte Frédéric au micro de Révolution Permanente. « _On parle de


740 000 € de réduction de budget sur l’établissement, et ça a des conséquences dramatiques sur les publics qu’on prend en charge. Concrètement, c’est un conseiller d’insertion logement, un


conseiller d’insertion professionnelle, un conseiller d’orientation sociale, un éducateur sportif, un éducateur technique cuisine… tout ça, ce sont des choses que les jeunes n’auront plus !_


 », complète Antoine, éducateur spécialisé et secrétaire du CSE de l’Association Rénovation. Parmi les manifestants, nombre d’éducateurs de diverses structures viennent dénoncer les coupes


budgétaires drastiques, qui menacent la prise en charge des enfants et de leurs familles. Noémie, éducatrice de jeunes enfants à l’AGEP tient une pancarte sur laquelle on peut lire : « _De


l’argent pour nos enfants, pas pour le réarmement !_ ». Car les travailleurs du social ne sont pas dupes, alors que de son côté le département prépare 103 millions d’euros de coupes


budgétaires, c’est 413,3 milliards d’euros qui seront investis dans la militarisation entre 2024 et 2030 par le gouvernement. À notre micro, elle dénonce les budgets qui mettent de plus en


plus en péril des services qui sont essentiels à la protection de l’enfance : « _Ça fait plusieurs années que les priorités ne sont pas mises dans le soin, dans le social, l’éducation et le


médico-social, la priorité est mise aujourd’hui dans le réarmement. [...] Pour la Gironde, il y a des coupures drastiques qui sont en cours, s’il y a moins de postes, il y a moins de


possibilités de soutenir les familles, et ça, ça veut dire de laisser des enfants dans des situations inacceptables_ ». Surtout, la pluie d’offensives à l’encontre des travailleurs est à


l’image de leur détresse. Audrey, éducatrice et membre du collectif PrevDeter, explique : « _On fait face à des postes qui ont été gelés, avec des salariés qui ont été réorientés vers des


postes vacants […] par dépit_ ». Elle continue, « _Tout ça entraîne pas mal de souffrance. Il y a une forte augmentation des salariés qui souffrent au travail et sont en burn-out, qui sont


en perte de sens dans leur travail parce qu’il n’y a pas assez de moyens_ ». Si cette situation reflète la nécessité de faire front très largement, elle témoigne surtout du besoin que ce


front se fasse sans illusion quant au rôle de béquille du gouvernement Bayrou que joue aujourd’hui le Parti socialiste. En effet, alors que le PS était à l’origine de réformes anti-ouvrières


telles que la loi travail, localement, il démontre une nouvelle fois tout son cynisme en s’apprêtant à jeter à la rue des centaines de jeunes en danger. C’est dans ce sens que Jean-Luc


Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde et membre du Parti Socialiste, mène les offensives contre les travailleurs du social. Alors que ce dernier prétend s’indigner de ce


budget austéritaire, il est celui qui les applique, main dans la main avec le gouvernement Bayrou. C’est ce qu’ont largement dénoncé les éducateurs présents ce lundi : « on n’est pas dupes !


 », interpellant directement les élus du Conseil réuni ce jour. La diminution drastique du budget des collectivités territoriales, imposée par le gouvernement Bayrou, aura ainsi de lourdes


conséquences. Alors que l’appel national a réuni des centaines de travailleurs du secteur dans toute la France, comme à Toulouse ou Montpellier, cette journée de mobilisation a montré que le


secteur du social est prêt à se battre face aux coupes budgétaires et à la dégradation de leurs conditions de travail. Alors face à cette offensive généralisée impactant durement le


quotidien des plus vulnérables, seule une réponse d’ensemble sera à même d’instaurer un rapport de force conséquent. L’ensemble des secteurs en lutte doivent se coordonner pour déjouer le


projet austéritaire du gouvernement, et tous ses relais qui l’appliquent aux échelles locales !