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La direction du géant automobile japonais Nissan a confirmé le 13 mai lors d’une conférence de presse avoir bâti un nouveau plan de restructuration nommé « _Re:Nissan_ » qui prévoit 20 000
licenciements et la fermeture de sept usines dans le monde d’ici à 2027. Ces annonces représentent une diminution de 15 % des effectifs mondiaux de Nissan. Des annonces qui avaient été
révélées la veille par la chaîne publique japonaise NHK. Deux mois après la nomination du Mexicain Ivan Espinosa comme nouveau PDG de Nissan, lui et le nouveau directeur financier français
Jérémie Papin ont confirmé 4,1 milliards d’euros de bénéfices en moins sur l’année 2024 et prévu, par le nouveau plan, une « _réduction des coûts_ » de 1,5 milliard d’euros d’économies en
2025 et 2026, ainsi que d’autres économies durant l’année 2027. Des chiffres qui pourraient même être revus à la hausse « _selon l’évolution de la situation_ ». Le plan de destruction
d’emplois est plus de deux fois plus grave que celui qui avait déjà été annoncé en novembre dernier et qui prévoyait 9000 suppressions d’emploi. Un ancien plan dans le cadre duquel l’ancien
dirigeant du groupe avait promis aux actionnaires en février qu’il ferait fermer trois usines, dont une en Thaïlande. Ces annonces avaient permis au fond d’investissement singapourien
Effisimo, qui achète des actions au plus bas pour les revendre ensuite, de spéculer sur l’annonce de la perte de milliers d’emplois. Le groupe Nissan est habitué à faire un plan de
destructions massives d’emplois par décennie. Le « _Nissan Revival Plan_ » porté en 1999 par son ancien PDG Carlos Ghosn, qui a été plusieurs fois inculpé pour fraude fiscale et est exilé
depuis 2019 au Liban, avait détruit 21 000 emplois pour réduire sa production. Encore en 2009, le même patron avait annoncé 20 000 nouvelles destructions d’emplois. Les mauvais résultats
sont le produit d’une baisse de la demande et de concurrence internationale dans laquelle la direction n’a pas su se démarquer. En novembre, l’ancien PDG avait déclaré : « _Nous n’avions pas
vu la demande en véhicules hybrides augmenter aussi rapidement. On n’a commencé à comprendre cette tendance qu’à la fin de l’année dernière_ » selon _Reuters_, provoquant une stagnation aux
États-Unis où le groupe réalise 40 % de ses ventes. En Chine, deuxième pays où Nissan vend le plus de véhicules, le groupe a été affecté par la concurrence d’autres constructeurs nationaux
comme le géant BYD. En recherche de partenaires après son divorce avec Renault, Nissan n’a pas réussi à fusionner avec Honda pour devenir le troisième constructeur mondial. La situation
internationale pour les travailleurs de l’automobile a été aggravée par la politique de guerre douanière initiée par Donald Trump. Nissan et des autres constructeurs japonais comme Toyota ou
Mitsubishi ont ainsi été particulièrement touchés par l’instauration, le mois dernier, d’une taxe 25 % sur les véhicules importés aux États-Unis. Les travailleurs de l’automobile vont donc
être de nouveau la variable d’ajustement pour revenir dans le vert et assurer une reprise des distributions de dividendes au plus vite, comme cela s’est passé chez Nissan entre 2021 et 2023.
Or, dans une conjoncture de destruction massive d’emplois au niveau mondial dans le secteur, avec 35 000 suppressions d’emplois chez Volkswagen d’ici 2030, 7 000 chez Audi en Allemagne
d’ici 2029, ou encore 4 000 chez Ford en Europe, beaucoup de salariés peineront à retrouver un travail. Face à ces licenciements, qui vont mettre des travailleurs à la rue et aggraver les
conditions de travail de l’ensemble du secteur, la seule solution réside dans la lutte. Loin de la concurrence entre travailleurs qu’essayent d’instaurer les patrons, c’est à travers des
grèves larges et unitaires, menées jusqu’au bout et sans concessions que notre camp peut faire face à cette offensive.