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Jeudi 22 mai, le tribunal judiciaire d’Albi a condamné deux militants antifascistes à 4 et 5 mois de prison avec sursis pour « violences sans ITT dans un établissement d’enseignement » suite
à une altercation avec des militants d’extrême droite venus pour en découdre le 18 mars dernier. Ces militants avaient été placés en garde à vue le mardi 20 mai avec trois autres personnes,
suite à une plainte déposée par un militant du groupuscule d’extrême droite Patria Albiges et de la Cocarde, syndicat étudiant d’extrême droite lui aussi. Ce dernier a, quant à lui, été
condamné à 5 mois de sursis. Comme nous l’explique Martin*, militant de gauche à Albi, « _Patria Albiges est un groupuscule néofasciste présent depuis plusieurs années à Albi, qui a
récemment multiplié les agressions violentes, notamment contre des personnes racisées et des militants de gauche_ ». En effet, en l’espace de quelques semaines, le petit groupe, qui ne
compterait pas plus d’une quinzaine de militants actifs, a enchaîné en mars l’agression d’étudiants de gauche à l’université d’Albi et, en avril, l’attaque violente d’un bar. Pour rappel,
alors que les élections étudiantes à l’Institut National Universitaire de Champollion avaient lieu à la mi-mars, une dizaine de militants du syndicat d’extrême droite La Cocarde, épaulés par
Patria Albiges et des militants d’extrême droite venus de Bordeaux et de Nantes avaient proféré des insultes racistes avant d’attaquer violemment des militants du Collectif inclusif et
solidaire, une liste de gauche qui se présentait aux élections. Puis, fin avril, une vingtaine de militants de Patria Albiges et du groupe toulousain Furie française avaient violemment
attaqué le bar Le Cosy, où se trouvait un militant antifasciste. À propos de cette attaque, Martin nous explique que « _le commando qui a attaqué le bar était dirigé par Thomas Rouquette,
qui a été candidat du FN en 2014 et qui est un grand ami de Clément Cabrolier, le dirigeant de Patria Albiges et le fils de l’élu RN Frédéric Cabrolier_ ». Sur des images de l’agression
partagées par l’Offensive antifasciste Albi, on reconnaît parmi les agresseurs le porte-parole du groupuscule, Lorenzo Bodino, ainsi qu’un de ses militants, Mattéo Vigato, mais aussi le
Toulousain Lucas Portelli, militant de Furie française. Si le RN nie avoir des liens avec Patria Albiges, leur proximité est pourtant évidente. Qu’il s’agisse de Thomas Rouquette,
ex-candidat FN qui a dirigé l’attaque du bar, de Clément Cabrolier, dirigeant de Patria Albiges et fils de l’ex-député RN de la circonscription ou encore de Léo Labbé, dirigeant bordelais du
RNJ qui avait participé à l’attaque contre les étudiants de l’Institut Champollion, les liens sont étroits entre le parti d’extrême droite « dédiabolisé » et les nervis violents aux
tatouages néo-nazis. Frédéric Cabrolier, l’élu RN dont le fils dirige Patria Albiges, ne s’y trompe d’ailleurs pas. Il s’est fait une spécialité de défendre publiquement son fils et ses
petits camarades, tout en appelant l’État à durement réprimer les militants de gauche qui s’organisent et se défendent contre les agressions. Ses vœux ont finalement été exaucés fin mai.
L’un des militants de Patria Albiges, militant également à la Cocarde, a en effet déposé plainte, un peu moins d’un mois après le dernier affrontement avec des militants de gauche. Malgré un
témoignage totalement mensonger, à tel point qu’il a lui-même écopé de 5 mois de prison avec sursis, le militant d’extrême droite est parvenu à faire interpeller cinq personnes, deux
d’entre elles écopant, elles aussi, de plusieurs mois de prison avec sursis. Difficile de ne pas faire le lien entre cette répression de militants antifascistes et la dissolution de la Jeune
Garde antifasciste annoncée quelques jours auparavant par Retailleau. Une criminalisation de l’antifascisme par l’État et sa justice qui encouragent non seulement les groupuscules d’extrême
droite à se montrer de plus en plus violents, mais aussi à s’appuyer de plus en plus sur la justice pour combattre les militants de gauche. D’après Martin, cette dernière se serait appuyée,
lors du procès des deux militants antifas, sur les élucubrations de l’auto-proclamé « Observatoire des violences politiques », un site internet d’extrême droite qui se donne justement pour
objectif d’aider à criminaliser les militants politiques de gauche. Alors que nous commémorerons dans quelques jours le douzième anniversaire de la mort de Clément Méric, un militant
antifasciste assassiné par des militants néo-nazis en plein Paris, il est plus évident que jamais que l’État, sa justice et l’extrême droite avancent main dans la main. Face à eux, il est
urgent de construire un front antifasciste de masse. Solidarité avec les militants antifas d’Albi réprimés ! *Le prénom a été modifié.