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Terrorisme UN EFFONDREMENT SOUDAIN DE DAECH EST-IL POSSIBLE? La multiplication des attaques terroristes révèle-t-elle, comme on l’entend, un affaiblissement de l’Etat islamique sur le
terrain qu’elle occupe depuis plus d’un an en Irak et en Syrie ? Cet affaiblissement rend-il plus faciles les moyens de combattre l’organisation ? La Russie et les pays occidentaux sont en
train de joindre leurs forces. La France, en intensifiant les attaques aériennes contre Daech au lendemain des attentats, a-t-elle eu une réaction trop émotionnelle à un problème hautement
et autrement plus complexe ? Sommes-nous tombés dans un piège ? Sommes-nous en train de nous enfoncer dans l’erreur ? Les spécialistes français du Proche et Moyen-Orient soulignent la
fracture qui existe entre le monde politique décisionnaire et la communauté scientifique. Cette dernière dénonçant depuis longtemps l’accumulation d’erreurs collectives dont se nourrit la
montée en puissance du GROUPE ETAT ISLAMIQUE, à commencer par la décision de ne pas intervenir en Syrie durant l’été 2013 alors que les autorités de Damas avaient recours à des ARMES
CHIMIQUES à l’encontre de la population syrienne. Ligne rouge brandie par les puissances occidentales comme infranchissable sans qu’il y ait pour autant passage à l’action. Des
gesticulations que certains experts dénoncent également dans les allées et venues du porte-avions français, le _CHARLES-DE-GAULLE_, en Méditerranée. Deuxième erreur collective, l’été 2014,
quand la coalition se contente de bombardements aériens contre Daech. Des actions ou inactions qui ont conduit à l’entrée en jeu de Vladimir Poutine sur la scène syrienne, à laquelle se
joint désormais la France. L’organisation Etat islamique est aujourd’hui placée au sommet des priorités contre lesquelles lutter, semblant reléguer la question de BACHAR EL-ASSAD au deuxième
plan. S’il y a consensus entre des pays comme la Russie, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et l’Iran pour dire que l’organisation Etat islamique doit être combattue, la question se pose de
la fragilité ou de la solidité de ce consensus, eu égard aux intérêts extrêmement divergents des principaux acteurs au Moyen-Orient qui ont parfois d’autres adversaires qui leur semblent
plus importants. En se déclarant « EN GUERRE », L’EXÉCUTIF FRANÇAIS a choisi de concentrer sa réponse vers l’Etat islamique. S’agit-il d’une réponse appropriée au regard des causes mêmes du
mal ? Que veut dire faire la guerre à Daech ? Les BOMBARDEMENTS AÉRIENS ne détruiront pas Daech. Si la guerre c’est augmenter les bombardements aériens, elle est, semble-t-il, déjà perdue,
alors qu’on imagine mal les occidentaux aller au contact. Une rhétorique guerrière sans doute nécessaire pour rassurer la population mais qui risque de perdre assez rapidement en
crédibilité. S’attaquer aux causalités Pour François Burgat, combattre Daech implique la nécessité de s’attaquer aux causalités. Or, nous avons une lecture déformée des causalités, explique
le politologue. « _De la Tchétchénie à la Belgique en passant par le Maroc, les jihadistes sans frontières et autres sunnites en colère, qui ont grossi les rangs de l’EI, sont en partie les
produits des échecs des politiques d’intégration ou des ratés des mécanismes de représentation de plus de 75 Etats de la planète. Leur agenda est celui de la création puis de l’expansion
d’un sunnistan libre, c'est-à-dire d’un territoire que sa gestion mettrait hors de portée de toute interférence occidentale et chiite_ ». Et le chercheur d’évoquer la profonde fracture
politique, internationale, creusée dans le sillage de la vieille fracture coloniale par l’unilatéralisme des politiques de la France et de ses alliés dans le monde musulman. Un effondrement
soudain de Daech est-il possible ? Cet effondrement suffirait-il à tarir la radicalisation de certains jeunes ? Poser la question, c’est y répondre en partie tant il apparaît de plus en plus
évident que la radicalisation se nourrit de bien d’autres choses. La France, en s’alignant sur la posture américaine d’attaquer l’organisation Etat islamique, dit encore François Burgat,
explicite un véritable changement de camp. Elle s’affiche désormais clairement dans celui de la contre-révolution arabe. Quant à la Russie, elle vengerait actuellement la défaite de l’armée
soviétique en Afghanistan. POUR EN SAVOIR PLUS : L'émission _GÉOPOLITIQUE LE DÉBAT_, dimanche 22 novembre 2015 à 18h10 TU. Sur le même sujet Liban LES DERNIÈRES FRAPPES ONT-ELLES
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