Répression syndicale à magellium-artal : « ils veulent torpiller l'émergence d'un syndicat combatif »

Répression syndicale à magellium-artal : « ils veulent torpiller l'émergence d'un syndicat combatif »

Play all audios:

Loading...

Le climat à Magellium-Artal devient de plus en plus étouffant pour celles et ceux qui osent relever la tête. Moins de six mois après l’affaire d’Achraf – salarié menacé de sanction pour


avoir refusé les propos humiliants assénés par un client lors d’une réunion –, c’est aujourd’hui une autre de ses collègues, syndiquée CGT et active dans les mobilisations récentes, qui fait


l’objet d’une tentative de licenciement brutale et injustifiée. Sans le moindre signe ni avertissement au cours des mois précédents, la direction a convoqué cette salariée à un entretien


préalable au licenciement, la laissant dans le flou total sur les faits reprochés. Un procédé aussi expéditif qu’inquiétant, qui cherche à étouffer les revendications des salarié.es par la


peur et la répression quelques mois après le rachat de l’entreprise. UN MOIS APRÈS UN DÉBRAYAGE POUR LES CONGÉS MENSTRUELS, LA RÉPRESSION FRANCHIT UN CAP Cet événement surgit un mois après


un débrayage qui avait mobilisé une quarantaine de salariés pour contester le budget d’augmentations insuffisant proposé par la direction dans le cadre des Négociations Annuelles


Obligatoires (NAO) ainsi que son recul injustifié sur le congé menstruel. « _En licenciant notre collègue, la direction cherche à museler le cadre de mobilisation instauré par nos assemblées


générales et à envoyer un message clair : les lanceurs d’alerte seront mis au pas_ », explique Vanessa Pedinotti, déléguée syndicale CGT Magellium-Artal. En effet, la salariée visée par le


licenciement fait aussi partie, tout comme Achraf, d’un collectif de salarié.es ayant levé l’alerte sur des méthodes de management abusives, générant une situation de souffrance au travail


dénoncée comme facteur de risques psycho-sociaux (RPS). L’enquête interne menée à la suite de cette alerte avait été largement jugée insatisfaisante – balayant de nombreuses situations


graves et renversant la responsabilité sur les salarié·es eux-mêmes – par une cinquantaine de salariés réunis en assemblée générale. Ils avaient voté une motion de soutien à leurs collègues.


Ce licenciement intervient dans une année 2025 marquée à la fois par le rachat de l’entreprise par un fonds d’investissement lié à l’industrie de défense, et par l’échéance des élections


professionnelles prévues en fin d’année. « _Alors que les élections professionnelles approchent, le caractère exceptionnel de cette attaque ne peut être lu autrement que comme une tentative


de torpiller l’émergence d’un syndicat combatif majoritaire_ », affirme Vanessa. En effet, alors que ce type de rachat est souvent synonyme d’une intensification des logiques de rentabilité,


la direction semble vouloir imposer un climat de peur, briser les dynamiques collectives et museler toute contestation. UN MESSAGE CLAIR ENVOYÉ PAR LA DIRECTION : LA PEUR OU LA PORTE La


direction envoie un message limpide : toute alerte sur les conditions de travail, toute critique du management, toute volonté d’organisation collective seront sanctionnées. « _Derrière ces


tentatives d’intimidation, c’est notre droit à s’organiser qui est en jeu. Celle de pouvoir s’organiser, de défendre nos droits, d’exiger des conditions de travail décentes, sans avoir à


craindre des représailles ou la répression syndicale_ », explique Vanessa. Elle poursuit : « _c’est toute une tradition de solidarité et de résistance construite par les assemblées générales


qui est visée. Mais cette tradition, nous en sommes fièr.es. Elle a permis de construire un rapport de force dans l’entreprise, d’imposer des revendications sur les salaires, sur les congés


menstruels, ou encore de défendre notre collègue quand il était menacé de sanction. Elle a permis à des dizaines de salarié.es de ne pas rester isolé.es face à l’arbitraire et de rompre


avec la résignation_ ». Alors que l’entretien préalable au licenciement est prévu pour ce jeudi 24 avril à 16h, une assemblée générale tenue par la CGT Magellium-Artal le midi même sera


l’occasion pour les salarié.es de discuter collectivement de la riposte à mener, et de montrer que face à la répression, la réponse doit être l’unité et la solidarité. Une solidarité


d’autant plus précieuse que la combativité exprimée ces derniers mois, notamment à travers le débrayage du 17 mars, est encore rare dans le secteur des ingénieurs sous-traitants, souvent


isolés. Face à ce management par la terreur, à ces intimidations et pressions qui visent à faire taire les salariés qui se battent pour leurs droits, il est impératif de se mobiliser le plus


largement possible et d’apporter notre soutien aux travailleurs de Magellium-Artal.